« La vie est pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée. »
La journée du prince des Serpentard avait pourtant bien commencée. Particulièrement de bonne humeur, il avait pris un solide petit déjeuner, collé serré avec Pansy, et entouré par ses admirateurs. De quoi remonter l’égo vacillant du prince. La raison était due à la présence d’une certaine jeune fille assise à la table de ses ennemis. Granger, son cauchemar personnel. Il ne la détestait plus comme avant mais ce n’était pas pour autant qu’il avait été ravi de la nouvelle. Personne ne savait qu’ils s’étaient parlé en tête à tête sans pour autant s’insulter. A vrai dire, aucuns des élèves de leur année n’auraient compris. Draco lui-même peinait à comprendre son changement de comportement alors tenter de l’expliquer à des tiers… Ennemis ? Amis ? Il aurait été beaucoup trop présomptueux de les déclarer amis après tant d’années de haine commune. Des insultes ne s’effaçaient pas aussi facilement. Pourtant, il n’avait plus envie de revenir en arrière. Cette fille lui donnait l’impression qu’il pouvait enfin montrer le garçon qu’il était à l’intérieur. Côté fortement réprimé dès sa plus tendre enfance pour le faire entrer dans le moule du parfait sang pur. En tous les cas, s’il ne se privait pas de l’insulter quand il y avait un témoin qui s’attendait à les voir s’entretuer, il n’élevait plus la voix contre elle en privé. C’était presque tout le contraire. Du moins, jusqu’à aujourd’hui. Une petite pause entre leurs rencontres imprévues lui avait permis de reprendre le contrôle de ses émotions et Draco était maintenant en mesure de ne plus montrer la moindre faiblesse devant elle. Il n’était pas dit qu’elle puisse se moquer de lui impunément.
Ce lundi avait été rythmé dès le départ par un cours de potions. En attendant dans le couloir, le beau blond n’avait pas hésité à se montrer entreprenant avec Parkinson. Celle-ci en avait été ravie. Mais en vérité, Draco ne ressentait pas de sentiments envers elle. Il faisait surtout ça parce que c’est ce qu’on attendait de lui. Une autre raison qu’il peinait beaucoup à s’avouer était également le fait qu’il voulait montrer à Hermione Granger qu’elle n’était pas aussi importante pour lui qu’il l’avait laissé entendre par le passé. Il avait des amis. Les sentiments bizarres qu’il ressentait envers la Gryffondor n’étaient certainement pas positifs pour autant et il voulait vraiment mettre les choses au clair au cas ou elle se ferait l’idée qu’il pourrait tomber amoureux. Mais était ce vraiment la vérité au fond ? Les Serpentards étaient les maitres pour se mentir à eux même. Peut être voulait-il aussi voir si elle pouvait ressentir une certaine jalousie… Mais si quelqu’un venait à émettre une telle hypothèse, il la réfuterait immédiatement, évidemment. Le jeune homme avait été interrompu dans son monologue intérieur par l’ouverture plus que délicate de la porte de la salle de potions. Cours de potions qui avait rendu Draco heureux comme jamais, Snape ayant été particulièrement en forme, mais peut être la présence d’Ombrage n’y était-elle pas étrangère après tout. Une inspection, quelle idée ridicule ! Se remémorant les conseils de son père, celui-ci étant très proche du ministre, il se comportait bien évidemment par un lève botte avec le crapaud rose. Les potions avaient toujours été une véritable passion pour le 5ème année. Et contrairement à ce que les mauvaises langues pouvaient bien dire, il méritait totalement ses optimums. Note qui lui permettait de battre la charmante miss je sais tout. Il aimait travailler seul, détestant par-dessus tout lorsque son mentor faisait des duos serpentard-gryffondor. Bien sur, il aurait pu tomber sur pire, puisqu’il héritait régulièrement de Granger comme coéquipière. Personne avec laquelle il s’entendait beaucoup mieux bien qu’il joue parfaitement le jeu de l’ennemi insultant puisque leurs imbéciles d’amis étaient présents. Une part de lui n’avait pas du tout à se forcer par ailleurs. Granger l’avait toujours irrité avec sa façon de lever la main pour toucher le plafond à chaque question. Comme il était heureux de voir son directeur la remettre à sa place. Et puis, il n’aimait pas tellement confier quoique ce soit à quelqu’un au risque d’avoir lui-même une mauvaise note, même si cela avait peu de chance d’arriver avec elle. Quoiqu’il fasse de toute façon, ses pensées revenaient toujours vers la studieuse 5ème année.
Tout allait mieux dans sa vie. Il s’était même payé le luxe de se battre avec Weasley dans les couloirs juste après la fin de l’heure. Tout était parfait jusqu’au cours de défense contre les forces du mal du lendemain. Le Serpentard ne s’attendait évidemment pas à apprendre quelque chose. Comme s’il avait besoin de se défendre contre la magie noire alors qu’on la lui enseignait. Le fait qu’il n’ait même pas le droit d’utiliser sa baguette ne le dérangeait pas non plus. Il passait son cours à faire semblant de lire, laissant ses pensées vagabonder allégrement. De toute façon, la malédiction se chargerait sans doute de faire dégager le bonbon rose de la place. Draco espérait sincèrement que Snape aurait enfin la place qu’il méritait et obtiendrait le poste. Le fait qu’il ait aussi découvert que cette femme utilisait un objet de magie noire pour ses retenues l’avait révolté. Lucius Malfoy collectionnant ce genre d’artefact, le blond savait exactement ses effets et si cela n’avait pas suffit, il y avait toujours les traces sur les mains de Granger. Le blond avait été l’un des premiers à se rendre devant la salle, accompagné par ses camarades. Les Gryffondors n’avaient pas tardé à arriver, peu avant qu’Ombrage ne leur ouvre la porte. Un sourire méchant s’inscrit sur les lèvres du gominé alors qu’il entrait pour prendre place au premier rang avec Blaise Zabini, son meilleur ami. Le cours fut aussi ennuyeux que d’habitude et Draco fut presque stupéfait de remarquer que même Potter se faisait discret cette fois ci. Bien sur, le calme ne dura pas. Peu avant la fin du cours, le crapaud annonça un devoir à rendre pour le lendemain. Draco ne réagit pas avant de comprendre qu’il était supposé faire le travail avec quelqu’un d’autre. Immédiatement, la salle s’emplit d’un bourdonnement ambiant qui irrita ses oreilles sensibles. Qu’est ce qu’ils étaient immatures ! Draco avait l’habitude de faire équipe avec ses amis. Impassible, il se tournait déjà vers Blaise Zabini pour lui dire qu’ils allaient le faire ensemble, il ne pouvait en être autrement mais son élan fut coupé avant qu’il n’ait le temps de dire un mot.
Pr. - Silence!! Vous ne croyez tout de même pas que vous allez pouvoir vous amuser avec vos petits copains en faisant ce devoir...je veux du sérieux et c'est donc moi qui fais les groupes. Potter avec Londubat, Weasley avec Lovegood, Goyle avec Boot, Bulstrode avec Patil Padma... Malefoy avec Granger...Crabbe avec Cri... Les gens se plaignaient plus ou moins fort. C’est pour cela qu’il n’entendit presque pas son nom passer. Draco fit presque des yeux ronds en entendant le nom de son coéquipier ou plutôt en l’occurrence coéquipière. Et après ça, ils osaient se plaindre ! Ses amis se tournèrent immédiatement vers lui, tout aussi choqués ! Pourtant, aucun n’imaginait ce qu’il ressentait en ce moment là. Contrariété, énervement, déception. Quelle n’avait pas été sa surprise de voir que l’envoyée du ministère lui avait fait l’affront de le mettre en duo avec Granger. Elle avait décidément un sens du risque incroyable d’unir les deux maisons ennemis. Le blond fut d’autant plus surpris qu’il faisait parti de ses élèves favoris et qu’il aurait pensé qu’elle chercherait à l’avantager. Sans compter qu’il avait d’autres activités en parallèle. Etant attrapeur pour l’équipe de quidditch, Draco devait s’entrainer ce soir et il ne pouvait certainement pas le louper. Travailler seul aurait été tellement plus simple pour lui. Si encore, il avait été avec quelqu’un de sa maison, il aurait pu travailler tard le soir, mais avec une Gryffondor, ce serait tout simplement impossible puisque la bibliothèque fermait. Restait encore la solution de trouver une salle vide pour tenter de produire quelque chose avec Hermione puisqu’ils avaient l’immunité des préfets. Draco tourna la tête lorsqu’il entendit Ombrage interroger ladite demoiselle.
Pr. - Oui miss Granger qu'y a-t'il ? Vous souhaitez contester mon choix car sachez que si c'est effectivement le cas je ne vous demande pas vraiment votre avis et vous allez devoir faire avec. tournant le regard vers Malefoy. Ceci est aussi valable pour vous monsieur Malefoy.D. M. - Je serai ravi de m’exécuter professeur. Contrairement à certain, déclara t-il en jetant un coup d’œil dédaigneux vers les Gryffondor, je sais mettre mes sentiments de côté et vous êtes la personne la plus indiquée dans cette salle pour décider qui doit travailler avec moi. Le ton pompeux qu’il avait employé arracha des insultes du côté rouge et or, mais il s’en moqua. Lui au moins ne passait pas son temps en retenue contrairement aux lions. Et s’il y avait bien eu un point positif à son éducation, c’était sans doute la manière de manipuler les foules par la parole que lui avait enseigné son père. Sans surprise, la femme en rose fut ravie des compliments et se rengorgea sous le sourire moqueur durement réprimé de Draco. Elle était comme les autres. Chaque humain avait besoin qu’on flatte son orgueil et d’ailleurs, lui le premier. Il jeta un coup d’œil à son binôme, hésitant entre la foudroyer du regard avant de se décider pour un regard méprisant. Le blond ne savait pas trop si elle avait joué le jeu en contestant le choix de son partenaire à cause de ses amis ou si elle ne voulait vraiment pas travailler avec lui. D’autant plus qu’en dehors de Granger, Draco était sans conteste le meilleur élève de toute cette classe, elle ne perdait donc pas au change même si elle connaissait la bibliothèque comme sa poche. Il resta stupéfait lorsqu’il la vit prendre ses affaires sans un regard avant de se diriger vers la sortie.
Pr. - Sachez miss Granger que si vous faites un pas de plus et que vous ne revenez pas à votre place et continuer à protester contre ma décision vous aurez l'honneur d'être en retenue avec moi. Vous savez ce que cela inclus ?P. P. - On a peur Granger ? murmura Pansy d’un ton méchant, puisqu’elle se trouvait sur la même rangée qu’elle.
H. G. - Oui, professeur !Elle ne pouvait pas faire semblant à ce point là. L’orgueil du fils Malfoy déjà titillé, grogna sous l’attaque et il se dit qu’il allait lui faire payer. Même si il n’avait pas cette plume, il allait se rattraper question comportement. Puisqu’elle semblait aussi contrariée alors qu’il tentait au mieux d’être gentil, il ne ferait dorénavant plus d’effort. C’est tout ce qu’elle méritait. Fort de ses résolutions, c’est avec un énorme sourire moqueur qu’il la vit revenir à sa place. Le ton soumis lui aurait presque arraché un rire s’il n’avait pas senti la menace voilée du professeur. Elle savait comment se faire obéir. Cette femme aurait fait un bon mangemort, Draco en était presque convaincu. Toujours tourné vers elle, il resta impassible alors qu’elle le regardait enfin avant de baisser les yeux. *Mal à l’aise, Granger ?* pensa t-il dans un rictus. La sonnerie ne tarda pas à retentir et Draco quitta la salle sans se presser suivi par ses amis, saluant respectueusement l’enseignante avant de quitter la salle. Le beau blond avait terminé les cours pour la matinée. Il se douta qu’Hermione allait filer à la bibliothèque mais lui se dirigea d’abord vers sa salle commune, accompagnant ses amis. C’est avec un pincement au cœur qu’il vit Pansy et Blaise, groupés ensemble se diriger vers le mur cachant leur salle commune pour commencer de travailler.
P. P. - Alors à tout à l’heure Draco. B. Z. - Ouais, à plus mec. Il ne répondit pas à la marque d’amitié et continua son chemin, effectuant un demi-tour d’un pas vif. Retenant sa mauvaise humeur, le blond fila en direction de la bibliothèque, à la poursuite de Granger. Comme si il y avait vraiment un lieu autre que celui-ci ou elle pouvait se réfugier. Grimpant les escaliers, il effraya quelques élèves en chemin mais n’y pris même pas le moindre plaisir. Son ardeur se calma alors qu’il pénétrait dans le havre de paix gardé farouchement par Mme Pince. Femme qu’il avait réussi à apprivoiser à force de la flatter dans le sens du poil. Il la salua en passant devant son bureau, ses yeux gris à la recherche d’une silhouette entre les rangées. Alors qu’il se baladait, il passa devant la rangée de la défense contre les forces du mal. Haussant les épaules, pensant qu’il s’était peut être trompé et que finalement, elle ne se trouvait pas ici, il entra dans la rangée à la recherche d’un livre pouvant l’aider. Dans sa précipitation, il avait à peine fait attention au sujet en question. Fouillant sa mémoire, il parvint néanmoins à se remémorer ce qu’elle avait dit, les cas de réaction pacifique à une attaque magique, chapitre 3 du livre ridicule qu’elle leur avait demandé d’acheter. Secouant la tête, il réalisa qu’aucun des livres présents ici ne l’aiderait puisqu’Ombrage refusait toute idée de vraie défense. Alors qu’il allait sortir, une ombre passa furtivement devant lui et il réalisa qu’il avait trouvé sa miss je sais tout. Totalement absorbée par sa lecture, elle ne l’avait pas remarquée et il la suivit jusqu’à sa table. Loin de se faire remarquer, il en profita pour l’observer quelques instants. Ce n’est qu’en réalisant qu’il recommençait à se comporter d’une manière totalement stupide qu’il décida de faire le tour de la table, emprunta le chemin opposé pour arriver face à elle. Draco se posta à un pas de la table, les bras croisés dans une attitude arrogante. Il faillit taper du pied en voyant qu’elle ne prenait même pas la peine de relever sa tête pour voir ce qui venait de l’empêcher de lire. Non, à la place, elle venait de déplacer son livre. Serrant les poids et carrant sa machoire, il s’installa sur la chaise opposée à la sienne, faisant claquer son sac sur la surface vernie de la table d’étude. Les bras toujours croisés, il se demanda si cette fois ci, elle allait encore l’ignorer.
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